
Pirates & Corsaires numériques
Temps de lecture estimé :
10 minutesPartager l’article
Pirates et Corsaires numériques furent des termes utilisés avant la 1ere Guerre Mondiale Numérique afin de définir la nature des hackers au sein de la nébuleuse hacktiviste numérique. Pour autant, rares sont ceux capables – déjà à l’époque et encore plus maintenant – d’exprimer clairement ce qui différencient ces étiquettes, ni quelles sont leur véritable origine. A travers un entretien réalisé avec l’historienne Non Citoyen, Enile Huap, il est plus que temps d’offrir à nos lecteurs une vision bien plus claire et objective de ces groupes autrefois influents qui jouèrent le rôle de pompiers/pyromanes à l’aube du conflit mondial numérique. Enile Huap est réputée depuis des années pour ses travaux sur la Seconde Révolution Française. Spécialiste de cette période, elle enseignait l’Histoire Moderne au sein de la grande université de La Rochelle II avant la 1ère Guerre Mondial Numérique. Activiste et membre de Black Cross, elle ne put se résoudre à entrer dans les rangs et devenir une Citoyenne sous Navi. Elle préféra donc intégrer clandestinement le quartier du Dédale à Nantes et embrasser le sort des Non Citoyens. L’entretien que vous allez lire est d’autant plus important et précieux qu’il a été réalisé quelques jours avant l’arrestation d’Enile. Nous sommes toujours sans nouvelle d’elle à l’heure actuelle, ces paroles rapportées ici n’ont que plus d’impact…
Janelle Koné : A partir de quand les termes de pirates et de corsaires se sont installés dans le paysage numérique et pourquoi une telle référence à la piraterie maritime ?
Enile Huap : Et bien les données sont assez vagues étrangement quant à la filiation et l’adoption précise de ces appellations. Il est évident que leur utilisation a essaimé au gré des années et ce depuis plus d’un siècle déjà, rien n’a été inventé à ce sujet. Ceci dit, l’entrée de ces termes dans les médias officiels puis dans la langue, que ce soit en France ou à l’international, concernant le numérique, est une des conséquences directes de la Seconde Révolution Française, il y a donc 80 ans. Nous avons retrouvé traces de l’utilisation de ces termes au siècle précédent et il est évident à présent que ce vocabulaire se déploie dans des moments de grande répression au sein des hackers de tous ordres. Intégrer, jusqu’à la confusion, le champs lexical de la piraterie maritime et numérique est une sorte d’instinct de survie qui aura en effet permis de code nombre de message. La Seconde Révolution Française l’a emmené dans une autre dimension à tel point qu’après cette période, les termes se sont invités dans le langage courant jusqu’à être utilisé par les instances de défense des nations. On se sert des termes de Corsaire dans les armées numériques officielles et les pirates, eux, définissent un peu tout le reste de la sphère hacktiviste officieuse.
JK : Y a-t-il une définition claire et précise concernant les Pirates et les Corsaires numériques ?
EH : Bien entendu, les Pirates englobent toute personne utilisant ses compétences numériques afin de nuire à une entité, une personne morale ou physique et qui mène des actions considérées comme néfastes et dangereuses. Les Corsaires, eux définissent les salariés – ou indépendant – sous contrat avec une nation ou tout entreprise attachée à un pays et dont les actions sont stipulées et signées contractuellement. Se sont là les définitions qui, en théorie du moins, définissent les frontières entre un monde criminel et un autre légal et officiel. Dans la réalité, les actes des uns et des autres n’ont fait que participer à ajouter une grande confusion entre ce qu’est réellement un Pirate et où sont les limites légales des actions des Corsaires.
JK : Peut-on dire que le flou entourant ces terme s’est révélé utile ?
EH : C’est le moins qu’on puisse dire ! Et c’est une technique rodée qui ne date pas d’hier. Il est fort pratique d’apporter de la confusion afin de décrédibiliser au besoin les actes des uns et des autres. Tout comme il s’est révélé utile, à maintes reprises au siècle dernier, de brouiller la limite entre terrorisme et résistance et cela est d’autant plus utile à la veille de grands conflits. La question est toujours de savoir à qui profite de tels imbroglios. En ce qui concerne les Pirates et les Corsaires, ce sont les Pirates qui sont passés du statut de résistants à celui de terroriste en l’espace de plusieurs dizaine d’années. Et nous le savons à présent, ce mouvement de confusion a été l’œuvre d’EDEN et des libertaires dont les intérêts résidaient à faire de notre société ce qu’elle est devenue à présent depuis la fin de la 1ère GMN.
JK : Justement, rappelez-vous se qu’ont été le rôle de chacun lors de la 1ere GMN ?
EH : Ceux que l’on nomme Pirates sont, pour la plupart des héritiers de ceux que l’on célébrait suite à la Seconde Révolution Française et qui ont participé à fonder l’ONG Black Cross. Ils étaient des résistants face aux visées totalitaristes des états qui, à travers le monde, confondaient société numérique et société de surveillance. Ces Pirates se sont dilués dans l’espace numérique qui est le leur, certains ont continuer le hacktivisme à leur façon, d’autres ont, en effet, embrassé des carrières plus proche du terrorisme mais n’oublions pas qu’une majorité de ces Pirates, luttait justement pour chasser et empêcher ces “Black Hats” d’agir à leur guise et décrédibiliser leur mouvement de résistance. Les Corsaires, eux, existent depuis le siècle dernier mais sous d’autres appellations, ce n’est que depuis la Seconde Révolution Française qu’ils sont nommés ainsi. Pour eux, le travail est plus “simple” en ceci qu’ils ne peuvent agir que sous des ordres précis et circonscris. N’importe quel citoyen est en mesure de consulter les archives ou “logs” de leurs agissements publiés sur le site du Ministère de la Défense Numérique partout à travers le monde. Excepté, bien entendu, les actes classés Secret Défense. Ils ont longtemps été blanchi de toute action condamnable, au-dessus de tout soupçon. Jusqu’à ce que les Pirates mettent à jour leurs agissement et leur complicité dans la traque et la surveillance des opposants au régime totalitaire de Saint-Sauveur avant la Seconde Révolution Française. Depuis, la population est devenue méfiante et ce, à travers tout le globe. D’où la nécessité de brouiller les limites entre ce qu’est un Pirate et un Corsaire à mesure que les années ont passé. Car oui, depuis, nous avons eu confirmation que nombre d’agissement qualifiés de terroristes et imputés à des Pirates, étaient en réalité le fait de Corsaires (donc sous couvert d’une nation). En réalité, ces agissement sont devenu un sport national afin de totalement décrédibiliser les agissements Pirates et tous les mettre dans le même panier : celui du terrorisme. Les Corsaires devenaient alors les résistants et le récit national a pu se mettre en place tranquillement jusqu’à engendrer la 1ère GMN et la mise en place des ghettos pour Non Citoyens.
JK : Comment vous êtes-vous emparé de ce sujet et pourquoi un tel traitement maintenant ?
EH : La Seconde Révolution Française m’a toujours fasciné, gamine j’écoutais les histoire de mes grands-parents me raconter ce qu’ils avaient vécu à cette époque et comment ils avaient combattu. Par chance ils étaient de côté de la résistance, c’est ce qui a valu ma grande admiration pour les Pirates et leur héritage, en particulier l’ONG Black Cross. Pour moi, cette époque a marqué l’avènement d’une nouvelle société libre et épanouie, où l’humaniste et le respect des valeurs démocratiques étaient brandi comme des piliers indispensables et éternels, en France, mais aussi à travers le monde. L’inspiration née de ce mouvement de révolte s’est développée dans tant de pays que l’on pensait une nouvelle ère débuter, où le numérique avait enfin trouvé une place tournée vers les citoyens et leurs besoins, non plus pour leur surveillance. Ce mouvement aura duré 80 ans, et encore, les prémices de ce que nous vivons à présent se sont fait ressentir il y a 40 ans déjà. C’est ce qui m’a fait me spécialiser dans cette période, je voulais illustrer par mes écrits, expliquer à mes étudiants ce qui a été combattu durant la Seconde Révolution Française et leur montrer que cette Peste brune et ses idées se répandait à nouveau, revêtant d’autres formes, mais toujours aussi dangereuse… Il faut croire que j’ai échoué à cela, je n’ai rien pu empêcher et à présent me voilà dans le camps de ceux dont on tait et on bâillonne les opinions. Mais cela m’importe peu, je ne baisserai pas les bras. Mon combat, notre combat est toujours aussi important…
JK : Que reste t-il de ces deux camps dans notre nouvelle société ?
EH : Tout est bien plus simple à présent (elle se met à rire nerveusement) ! Les Corsaires ont gagné et sont les seuls qui subsistent à l’extérieur (comprendre les Citoyens à l’extérieur des Ghettos). Ils sont les maîtres du Net Libre comme ils disent, tandis que les Pirates sont cantonnés au Net Contaminé. Les Corsaires peuvent intervenir sur les deux nets sans limite, excepté celle de basculer dans le camps des Non Citoyens bien entendu. Ils sont surveillés et ne peuvent agir sur le Net Contaminé que sur ordres précis et là, tous leurs mouvements sont scrutés afin d’éviter toute tentative de traîtrise. Au-delà de ces quelques contraintes, ils font ce qu’ils veulent. Les Pirates, eux, se contentent de ce qui leur reste et essaient de mettre en place un Net qui leur ressemble tout en continuant le jeu du chat et de la souris avec les Corsaires. Nous sommes traqués, les sites et autres instances que nous mettons en place pour tous les Non Citoyen est pourchassé et annihilé dès que les Corsaires le peuvent. Nous ne connaissons aucun répit. Ne nous faisons pas d’illusion, leur but est de détruire toute résistance, tout acte malveillant, donc tout Pirate.
JK : Vous avez choisi de devenir NC alors que votre carrière était prometteuse, quelles ont été vos motivations ?
EH : Comme je vous disais un peu plus tôt, j’ai toujours été du côté de ceux qui luttent pour la liberté. Ce n’est pas pour rien que je suis passionnée par la Seconde Révolution Française et le rôle des Pirates à cette époque, tout comme ce n’est pas un hasard que j’ai participé à Black Cross et soutenu Mark Lehanne. Ma carrière n’avait d’intérêt que parce qu’elle me permettait de véhiculer des valeurs héritées de ces résistants, de lutter contre le retour de l’obscurantisme et toute forme de totalitarisme. Je ne me suis pas posé de question lorsque la 1ère GMN s’est achevée, il en allait de mon identité de rejoindre les Non Citoyen. J’ai eu la chance de rejoindre le Dédale avant que les mouvements Non Citoyens ne soient interdits, car ici, dans ce quartier si chargé d’histoire, règne une telle colère, un tel désir de vengeance, de résistance dans un bouillonnement multi culturel incroyable. Tout ici est une inspiration, tout ici est un appel à la résistance, à la lutte et je me nourri de cette force chaque jour. J’essaie de le retranscrire dans mes écrits et les cours que je donne à présent dans le quartier.
JK : Craignez-vous pour votre sécurité ?
EH : Quelle question ? Mais je sais pourquoi vous me la posez, vous êtes dans la même position que moi Janelle. La réalité c’est que chaque Non Citoyen craint pour sa sécurité. Personne n’est à l’abri d’une descente, d’une attaque numérique ou que sais-je encore qui pourrait nous faire disparaître de la surface de la terre sans que personne – excepté les autres Non Citoyens – ne s’en émeuve. En tant que militante, que Pirate notoire, bien entendu que je crains pour ma sécurité. Je m’étonne chaque jour d’être encore libre de mes mouvements et non pas détenue je-ne-sais-où à l’extérieur. Peut-être arriverons-nous à éviter les rafles et les balles mais ne nous faisons pas d’illusion, tôt ou tard ils nous auront. Mieux vaut le plus tard possible, en attendant, il est de notre devoir d’essaimer nos messages et faire en sorte qu’une fois tombées, notre flambeau soit reprit par d’autres !
-
Pirates & Corsaires numériques
Pirates et Corsaires numériques furent des termes utilisés avant la 1ere GMN afin de définir la nature des hackers au sein de la nébuleuse hacktiviste numérique. Pour autant, rares sont ceux capables – déjà à l’époque et encore plus maintenant – d’exprimer clairement ce qui différencient ces étiquettes, ni quelles sont leur véritable origine.
-
Les Navi, ces si précieux geôliers
Les Navi (ou Na/vi dans leur graphie d’origine), contiennent toutes nos informations médicales, sociales, financières, tout ce qui fait que vous avez le droit de vivre dans cette société ultra-connectée. Depuis la fin de la 1re Guerre Mondiale Numérique, tout citoyen se doit d’en posséder un, sous peine de devenir un Non-Citoyen.
-
Le Dédale, épicentre de la culture Non-Citoyenne
Le Dédale, ce quartier Non-Citoyen implanté en plein cœur de la mégalopole nantaise cristallise autant de crispations que de fascinations. Considéré par les Non Citoyens à travers le monde, comme un exemple à suivre, le Dédale représente tout autant l’Histoire que la fierté de cette communauté honnie depuis la fin de la 1re Guerre Mondiale…
Navigation rapide